Le projet européen ACT Liban (Advance Counter Terrorism for Lebanon Security) a coorganisé avec le Secrétariat Général du Haut Conseil de la Défense et le Secrétariat général du Conseil des Ministres libanais, une formation avancée sur les méthodes d’investigation numérique relatives aux cybercrimes et aux actes de cyberterrorisme perpétrés au moyen de crypto-monnaies. Cette action a été réalisée pour le compte des forces de police, des magistrats et autres administrations ou autorités de régulation concernées, dans le cadre de la deuxième composante du projet ACT pilotée par CIVIPOL, dont l’objectif est de renforcer les capacités nationales de cybersécurité, cyberdéfense et d’investigation numérique du Liban, face au terrorisme et au crime organisé. Cette formation avancée vient compléter la douzaine d’activités de renforcement capacitaire délivrées par la composante 2 du projet depuis 2020. Elle a été dispensée par trois experts italiens de la section « crypto-monnaies » de l'Arma Di Carabinieri, partenaire du consortium de mise en œuvre de ce projet dirigé par la Fondation internationale et ibéro-américaine pour l'administration et les politiques publiques (FIIAPP, Espagne).
Une crypto-monnaie est une monnaie numérique utilisée pour effectuer des transactions sécurisées sans le contrôle d'une autorité bancaire centrale, grâce à la technologie blockchain. Les crypto-monnaies sont utilisées dans le monde entier par les investisseurs et les particuliers, du fait des avantages liés à leur vitesse de transaction, leur coût minime, la non-intermédiation et à la décentralisation qui échappe au système bancaire traditionnel. Les crypto-monnaies favorisent également les possibilités de blanchiment d'argent et de financement d'activités illégales par des criminels et des groupes terroristes.
Les données disponibles en source ouverte révèlent l'utilisation croissante des crypto-monnaies au Liban, plaçant le pays au 14e rang dans la région MENA, pour un montant estimé de 4,95 milliards de dollars reçus via les crypto-monnaies entre mars 2022 et mars 2023.
Ainsi, pendant une semaine, 35 participants de quinze institutions gouvernementales se sont réunis pour approfondir leurs connaissances sur les crypto-monnaies et acquérir les compétences leur permettant de réaliser en toute autonomie des opérations de traçage numérique, de recherche et de saisie d'actifs avec les derniers outils technologiques sur le marché. Les participants comprenaient des représentants du bureau du procureur, du ministère de la justice, des quatre agences chargées de l'application des lois (les forces de sécurité intérieure, l'armée, la sûreté générale et la sécurité de l'État), ainsi que des représentants officiels de la présidence du Conseil des Ministres, de l'université libanaise, du ministère des finances, du ministère des télécommunications, de la Banque du Liban, et de la commission spéciale d’investigation financière.
La cérémonie plénière d’ouverture a eu lieu à l'Université Libanaise, avec la présence de son Recteur, le professeur Bassam Badran, qui, à cette occasion, a rappelé le rôle central de cette Université dans la promotion des connaissances, y compris en matière de cybersécurité.
Lors cette cérémonie, le Secrétaire Général du Haut Conseil de la Défense, le Général Mostafa Mohamad, également Président du Comité national interministériel spécialisé dans les questions liées à la cybersécurité et à la lutte contre le terrorisme, que le projet ACT soutient, a souligné la pertinence de ce Comité interministériel qui représente un excellent exemple de travail d'équipe entre toutes les administrations libanaises, ainsi qu'avec le secteur privé et la société civile, à un moment très critique pour le pays. « L'évolution du monde des technologies représente un défi à tous les niveaux et exige une réponse coordonnée et globale de la part de nos autorités », a-t-il déclaré.
Le Capitaine Simone Vecchiarello, chef de l'unité des Carabinieri chargée des investigations en matière de crypto-monnaies, a d’ailleurs précisé que « le manque de spécialisation des unités chargées de lutter contre ce type de délits, associé à l'absence de réglementation en la matière, pose d'importants défis pour les enquêtes judiciaires dans ce type d'affaires ».
Les organisateurs de cet événement, Docteur Lina Oueidat, coordinatrice nationale des questions de cybersécurité et des technologies de l’information, conseillère auprès du Conseil des Ministres, Monsieur Koussay Boulaich, FIIAPP, directeur du projet ACT, et Monsieur Vincent Desroches, CIVIPOL, référent de la composante cybersécurité du projet ACT ont tous souligné l'importance stratégique de réunir des magistrats, forces de l'ordre et acteurs clés de l'écosystème cyber libanais pour lutter contre le terrorisme et la cybercriminalité.
Depuis l'adoption de la stratégie nationale de cybersécurité du Liban en 2019, l'Union européenne appuie le gouvernement dans l’amélioration de ses capacités de lutte contre le terrorisme et le crime organisé à travers le projet ACT. Dirigé par la Fondation internationale et ibéro-américaine pour l'administration et les politiques publiques (FIIAPP) d'Espagne, en consortium avec CIVIPOL (France) et Arma Di Carabinieri (Italie), ce projet a en effet pour objectif de renforcer les capacités nationales au Liban face aux menaces du terrorisme et du crime organisé, tout en promouvant l'État de droit et les droits de l'homme, conformément aux normes internationales.
Retrouvez également les informations sur le site de la FIIAPP https://www.fiiapp.org/noticias/libano-trabaja-para-mejorar-sus-investigaciones-de-criptomoneda/